De longues minutes passèrent, sans qu’aucun membre de la famille ne décroche un seul mot, jusqu’à ce que Luna brise ce silence pesant:

 

- Il faudrait peut-être en parler, non ?

- Il n’en est pas question ! S’exclama Alice.

- Mais vous n’avez pas entendu ? La pollution ambiante est en train de vous tuer ! Vous êtes devenus inconscients ou quoi ? 

- Bien sur que non ma chérie, nous avons bien compris la situation ta mère et moi mais…

- Mais c’est complètement absurde, le coupa sa femme. Je n’irai nulle part sans mes filles, et encore moins dans l’espace si je sais qu’elles seront envoyées dans une sorte de centre miteux !

- Qu’est-ce que tu racontes maman ? C’est évident que vous allez le prendre ce vaisseau machin-truc là ! Il est question de votre vie, pas de la nôtre. Et puis, le départ est O.B.L.I.G.A.T.O.I.R.E, au cas où tu n’aurais pas saisi, s’égosilla Luna.

- Oui, mais le flash précisait bien qu’aucun retard ou excuse ne serait toléré donc, si nous ne nous présentons pas, nous n’irons pas et voilà, problème résolu ! Dit sa mère.

- Je ne suis pas d’accord. Il n’y a pas de « oui mais » comme tu nous le répètes si souvent !

- Non mais oh ! C’est encore moi l’adulte ici à ce que je sache ! Je décide. D’ailleurs, je suis certaine que ton père est parfaitement d’accord avec moi, n’est-ce pas ?

- Ta fille a raison Alice, répliqua John. Même si à moi non plus cette idée ne m’enchante pas, nous n’avons pas réellement le choix. Et puis, regarde le bon côté des choses, nos filles seront en sécurité, suivront des cours de qualité et vivront dans un centre plus que moderne avec tout ce qu’elles désireront à disposition. De plus, nous pourrons les joindre lorsque l’envie ou le manque sera trop fort, et les reverront en chair et en os, une fois par an.

- Je…Je…Je ne veux pas, je ne le supporte pas Johny, réprima Alice les larmes commençant à se répandre le long de ses joues.

 

Durant toute la discussion, Aria se tut, encore trop choquée par sa récente rupture et par la nouvelle qu’elle venait d’apprendre, mais savait que sa sœur et son père avaient raison: ils devaient s’en aller. Pour leur propre bien, et par conséquent le leur. 

 

Lorsqu’elles virent leur mère pleurer, les jumelles se précipitèrent vers elle, et l’enlacèrent très fort. Leur père les rejoignit. Alice finit par se calmer, entourée des êtres qu’elle aimait le plus au monde, et surpris toute la petite famille lorsqu’elle accepta enfin le fait. Demain, elle et John monteront à bord du « New Life ».

 

Cette nuit là, aucun membre de ce foyer ne trouva le sommeil. Tous trop angoissés à l’idée de se quitter pour un an, et cela, dès le lendemain matin. N’ayant pas de moyens de transport assez rapide pour se rendre dans les temps à Paris, ils durent aller à la gare d’Atlanta afin d’y prendre le train partant à 8h. Dans le futur, les trains, ne roulaient plus sur des chemins de fer, mais sont équipés d’un dispositif aimanté leur permettant de voler au-dessus de voies destinées à cet effet. Ils pouvaient atteindre jusqu’à 2000 km/h, afin d’effectuer un trajet Atlanta-Paris en moins de 5h. 

 

L’heure du départ arriva, Alice eut beaucoup de mal à se décrocher du cou de ses deux filles, elle ne cessait de pleurer à chaudes larmes, heureusement que John était moins « sentimental ». Il fallait qu’ils s’en aillent. Un câlin collectif fut échangé et les parents d’Aria et de Luna entrèrent dans le train. Les jumelles firent un dernier signe de la main avant que le TTGVV - train à très grande vitesse volant - ne parte tout droit direction Paris. 

            

 

 

 

Suite à ces semi-adieux déchirants, Aria et Luna rentrèrent chez elles. Enfin, plus exactement, elles rentrèrent dans leur « domicile secondaire », leur lieu de résidence fixe à partir de 12h, étant une chambre dans un centre, où des milliers d’autres enfants résideront également. La maison semblait bien vide sans leurs parents, en fin de compte, peut-être que le fait de vivre en communauté serait une bonne chose, pensèrent les jumelles. Histoire de ne pas ressasser des idées noires dans leur ancienne maison, vide, dénué d’amour paternel et maternel, et de prendre elles aussi, un nouveau départ. 

 

Aria et Luna firent donc leurs valises. A partir du moment où elles partiront pour le Centre, elles ne reviendront à cet endroit seulement une fois par an, au moment des retrouvailles familiales. Par conséquent, elles ne devaient veiller à ne rien oublier. Les valises furent rapidement bouclées, beaucoup des affaires à emporter étant numérisées comme les vêtements, bijoux, maquillages, livres, jeux. Toutes ces choses auparavant matérielles, pouvaient maintenant être contenues sur une clé USB, ou bien sur un tout autre support, telle qu’une montre. Les montres, à multiples apparences, ne servaient plus juste à regarder l’heure ou à chronométrer, elles étaient devenues de véritable base de stockage, n’importe quel objet sur support numérique pouvant y être enregistré, des fonctions y ont été ajoutées telles qu’une calculette, un dictionnaire, un vidéoprojecteur, une webcam etc. Elles se métamorphosèrent en une sorte de véritable mini ordinateur portable, armoire, bibliothèque, base de données, le tout ayant pour forme un petit bracelet coloré ou non, avec un écran de verre. Très pratique. Ils ne leur restèrent plus qu’à ajouter quelques souvenirs, accessoires pour salle de bain, matériel de tous les jours ne pouvant pas être mis sur un support électronique ainsi que certains objets que les deux jeunes filles préféraient garder « en vrai » qu’en version numérique et leurs valises furent officiellement terminées. Pile poil à l’heure pour le ramassage des bus, au coin de leur quartier tranquille, direction le Centre d’Atlanta. 

 

John et Alice occupant des postes assez haut placés dans une grande entreprise à Atlanta, la petite famille avait pu se permettre d’acheter une maison à la fois proche du centre-ville et située dans une zone relativement paisible. Le voyage ne dura donc que peu de temps, une quinzaine de minutes après avoir embarqué, Aria et Luna arrivèrent à destination. Devant elles se trouvait une immense bâtisse, délimitée par un très grand mur.

 

- Ils ont peur qu’on s’échappe ou quoi ? Ne put s’empêcher de dire Luna en apercevant la cloison les séparant de l’intérieur du Centre. 

- Je n’en ai aucune idée, répondit Aria, impressionnée par la taille phénoménale de l’endroit où elles allaient résider à partir de ce jour. 

- Hmm, le fait qu’on soit confiné dans un lieu comme celui-ci ne me plait pas vraiment, avoua-t-elle. 

- Arrête d’être pessimiste, tu veux ? 

- Je ne suis pas pessimiste !

- Ouais ouais, fit Aria. Cela fait à peine deux minutes que nous sommes là et tu commences déjà !

- On verra bien.

 

Devant le Centre, les habitants d’Atlanta commençaient à s’amasser, arrivant de tous les coins de la ville. Des enfants de tout âge, du nourrisson n’arrêtant pas de pleurer à l’adolescent se fichant de tout. Au bout d’une dizaine de minutes, le temps que chacun des bus envoyés dans la ville ait emmené ses passagers à destination, le flux de nouvel arrivant se stoppa et une femme fit son apparition. Toute d‘or vêtue , elle monta sur une estrade située devant la porte principale du Centre, s’empara d’un micro prévu à cet effet et déclara:

 

- Bonjour à tous, bienvenue au Centre ! Je suis la dirigeante de ce lieu prestigieux, et représentante du gouvernement ici, à Atlanta. Je me nomme Madame Golden. Pour commencer, je vous demanderai de vous regrouper par tranche d’âge afin de créer des groupes. A vos pieds sont apparus d’énormes cases de couleur, chacune équivalentes à un groupe. Les moins de 5 ans, veuillez vous diriger sur la case jaune avec l’aide de vos frères ou sœurs plus âgés, des employés les prendront en charge dès votre arrivée dans la case, les 5-10 ans veuillez vous regrouper sur la case rouge, les 11-15 ans sur la case verte et enfin, les 16-17 sur la case bleue.

 

Tous s’exécutèrent, mais étant des milliers, cette opération prit un certain temps. Une fois cette tâche exécutée, Mme Golden reprit alors la parole:

 

- Bien ! Nous pouvons désormais y voir beaucoup plus clair ! A présent, au dessus, de chaque case, la proportion que représente chaque groupe va s’afficher. Voilà, cela est fait. Vous rentrerez dans le Centre de manière décroissante, c’est-à-dire du groupe comportant le plus de membres à celui en comportant le moins. Donc, les 11-15 ans, vous représentez 35 %  du total des habitants du Centre, étant le groupe le plus nombreux, veuillez vous avancer jusqu’à la porte se trouvant derrière moi afin d’y rentrer. Les suivants seront les 5-10 ans avec un pourcentage de 30 %, puis les moins de 5 ans avec un pourcentage de 20 %, et enfin les 16-17 ans, avec un pourcentage de 15 %. Veuillez être patient, cela risque de prendre quelque temps. Merci de votre compréhension, nous nous retrouverons une fois que vous serez tous rentrés à l’intérieur du Centre ! A tout à l’heure.

 

Lorsque la directrice parlait de patience, effectivement il valait mieux en être muni. L’entrée de tous les élèves du Centre prit deux heures, du fait de leur nombre important mais aussi du système de protection mis en place au niveau de la porte principale. Chaque individu passait dans une sorte d’armature de porte qui analysait chaque chose que l’on avait sur soit que ce soit vêtements, accessoires pour cheveux, bijoux, et autres, ainsi que tout ce que l’on possédait dans notre montre-bracelet multi fonction, de même avec les valises. Cette sorte de porte High-tech avait également pour fonction de révéler la véritable identité de chacun, plus de triche physique possible dans le Centre, ce qui ne dérangea pas le moins du monde les enfants, mais déconcerta les adolescents, férus adeptes de pouvoir corriger les petits défauts de leur visage et de leur corps, ou bien la couleur de leurs yeux ou cheveux. Personne ne fut donc surpris de voir de très belles filles se trouvant dans la file d’attente, se transformer en quelque chose de pas très agréable à regarder une fois passer par la porte. Ici, on prônait les véritables valeurs et on apprenait à faire des efforts afin d’obtenir le corps-visage désiré. Afin que tout le monde soit égal, répondaient les gardes à l’entrée lorsque certaines personnes mécontentes de leur transformation physique leur posait la question. 

 

 Ce système de protection pouvait aussi vérifier l’organisme interne de chacun, en effet, en quelques secondes, il procédait à toutes sortes de série d’analyses afin de prévenir d’éventuelles maladies à venir, ou déjà présentes. Les personnes étant touchées par des virus, ou divers problèmes de santé étaient directement conduits à l’infirmerie-hôpital du Centre pour y recevoir les soins nécessaires à leur guérison. 

 

Les 16-17 ans, le groupe bleu, furent ceux qui attendirent le plus longtemps avant de pouvoir rentrer dans ce fameux Centre, du à leur nombre peu élevé. Lorsqu’Aria et Luna arrivèrent proche de leur passage au milieu de la porte afin de pénétrer à l’intérieur du bâtiment, il était presque 14h30, et la faim commençait à se faire sentir. Surtout pour Aria. 

 

- Lunaaaa, ronchonna-t-elle pour l’énième fois, j’ai faim !

- Je sais Aria ! Cela fait une heure que tu me le répètes, j’ai compris ça ! Mais regarde devant toi, dans à peine une dizaine de personnes, c’est à nous ! Et tu sais quoi ? Une fois rentré, direction le self alors s’il te plait arrête de râler, j’en peux plus ! S’exclama sa sœur. 

- Heureusement ! Je crois bien que je pourrais mourir de faim sinon, j’en ai marre de rester là, à rien faire, sans manger, et juste marcher en attendant que les milliers de personnes devant nous soit enfin rentré dans ce Centre là.

- Tu n’as qu’à t’occuper, rétorqua Luna. Regarde, le gars là-bas, avec le tee-shirt rouge, il est pas mal non ? 

- Pffff. J’en ai marre des garçons ! Marre de souffrir ! Je vais me venger, je vais faire exactement comme eux. Les faire tomber amoureux de moi, puis les quitter comme ça, du jour au lendemain, sans aucune excuse. A partir d’aujourd’hui, je vais m’amuser. Déclara Aria.

- Euuuh…Je ne suis pas sure que cela soit la meilleure idée que tu ais eu mais bon, après tout c’est ta vie sentimentale hein, gère là comme tu le désires.

- C’est-ce que je compte bien faire. D’ailleurs, le mec au tee-shirt rouge est pas mal comme tu l’as si bien dit, grand, brun et bronzé, miam, je vais le voir ! Fit-elle avant de partir en direction de ce pauvre garçon. 

- Le manges pas hein ! Termina Luna en haussant la voix.

 

Quelques minutes passèrent, Aria revenue, toute contente de sa nouvelle rencontre, pour passer avec sa sœur entre les portes de sécurité. Tout se déroula sans problème pour les deux sœurs, pas de maladies, ni d’objets refusés car jugés trop dangereux ou pouvant être utilisés à mauvais escient. Et elles purent enfin aller manger, au plus grand soulagement d’Aria. 

 

Le bâtiment où l’on servait les repas, se trouvait juste en face de la porte d’entrée principale du Centre. Il était composé de cinq parties, quatre d’entre elles correspondaient à la répartition des élèves en groupe d’âge, et la dernière était réservée au personnel du Centre ainsi qu’à ses professeurs. Pour faciliter l’entrée dans cette bâtisse, chaque partie avait sa propre porte d’entrée, encadrée des couleurs respectives de chaque groupe, excepté celle des employés. Chaque partie avait sa propre mini-cantine, ce que découvrirent rapidement les jumelles à leur entrée dans la partie du bâtiment leur étant réservée. Le choix des entrées, plats et desserts étaient très variés, et les quantités illimitées ce qui enchanta Aria. De plus, la nourriture servie était d’excellente qualité. Elles étaient en train de manger, quand, un écran descendit du plafond, en plein milieu de la salle, et la dirigeante du Centre apparut.

 

- Eh bien, chers élèves, nous nous retrouvons ! J’aimerais tout d’abord m’excuser platement de la longue attente que vous avez dû supporter ! Cela ne se reproduira pas, je peux vous l’assurer ! Ce soir, vous serez servi les premiers afin de compenser. En parlant d’organisation de la journée, je vais vous en faire part. Aujourd’hui étant une journée un peu particulière, vous n’aurez pas cours, ni d’activités obligatoires. Une fois fini de manger, vous vous regrouperez simplement devant la porte d’entrée de ce bâtiment, où un employé vous y attendra afin de procéder à une visite complète du Centre, suite à quoi, vous pourrez profiter de votre après-midi comme vous le souhaiterez. Le souper est servi, chaque soir à 19h30, et le couvre-feu s’étend jusqu’au environ de 23h. Il sera plus ou moins long, tout dépendra du degré d’activité du lendemain. En ce qui concerne, le planning d’une journée autrement dit banale, les cours débutent à 8h30, la pause déjeuner s’étend de 12h30 jusqu’à 14h, heure à laquelle les cours reprennent, pour se finir à 17h. A partir de ce moment-là, vous avez quartier libre, afin de faire vos devoirs, et d’autres activités diverses et variées. Vous n’avez pas de vacances excepté la semaine de retour du « New Life », mais vous bénéficiez de trois jours de week-end comprenant samedi, niradi et dimanche, ainsi que le mercredi après-midi. Vous pourrez communiquer avec votre famille dès la visite du Centre terminé. Je vous souhaite un agréable séjour dans le Centre d’Atlanta. Bonne journée !

 

Dès la fin de son discours, un brouhaha infernal se leva dans la salle de réfectoire, chacun exposant son avis sur le fonctionnement du Centre, le fait qu’il n’y ait pas de vacances en révoltait plus d’un, ainsi que la présence de devoirs. Peu de temps pour discuter, la visite allait commencer, Aria et Luna suivirent l’attroupement d’élèves en direction du point de rendez-vous. Sur place, un homme, âgé d’une trentaine d’années environ, habillé d’un uniforme bleu, les accueillit.

 

- Bonjour les jeunes ! Aujourd’hui je serai votre guide, et je vous ferai la visite du Centre ! Je m’appelle Rico ! Mais pour débuter, parlons de ma tenue ! En effet, comme vous pouvez le voir, je porte un uniforme bleu ! Et il en sera de même pour vous, les jours où vous aurez cours. Vous en aurez plusieurs à votre disposition dans vos armoires afin de les varier selon les jours, je sais que vous, les filles aimez beaucoup faire ce genre de chose ! La couleur de vos uniformes sera bleue, identique à celle de votre groupe d’âge, cependant il vous sera possible de choisir quelle teinte de bleu vous désirez. La différenciation des couleurs nous permettant, à nous, personnel et professeur de vous repérer plus facilement lorsque vous êtes tous regroupés dans un même lieu. Je suppose que vous comprenez cela. Les moments où vous n’aurez pas cours, donc le week-end et le mercredi après-midi, vous pourrez vous vêtir comme vous le souhaiter.

 

- Quoi ? Des uniformes ? Mais c’est tellement « has been » ! S’exclama une jeune fille portant le nom de Cindy, parmi la foule d’élèves. 

 

La jeune fille en question avait de longs cheveux blonds qui encadraient un visage digne d’une poupée, de grands yeux bleus, un nez fin et une bouche pulpeuse. Elle était chaussée de talons aiguilles mesurant au moins 15cm et vêtue de façon aussi dénudée que possible. 

 

- Tiens, voilà la première pouff’ du groupe à s’être manifestée, gloussa Luna. 

- Chuut, ne va pas nous attirer des ennemis dès le premier jour toi !

- Moi ? Jamais voyons !

- Mais bien sur, je te rappelle que ton goût pour les sarcasmes ne plait pas à tous, la gronda Aria. 

- Effectivement, mais je m’en contre fiche, rétorqua sa sœur, le sourire aux lèvres.

 

Rico reprit alors la parole: 

 

- Excusez-moi très chère, mais le port de l’uniforme est obligatoire, que cela vous convienne ou non. Que cela soit « has been » ou non aussi. D’ailleurs, les chaussures que vous portez ne sont-elles pas celles de la collection de l’été dernier ? Qui parle de dépasser maintenant ? 

 

Cette remarque fit beaucoup rire l’ensemble du groupe, notamment Luna.

 

- Tiens, je l’aime bien lui, ajouta-t-elle.

 

Suite à ce court échange entre le guide et Cindy, la visite continua. Rico les emmena faire le tour de l’établissement qui décidément était vraiment très grand, au point que tout le monde commençait à avoir mal aux jambes. Il commença par leur montrer les bâtiments liés au cours, à l’apprentissage de nouveaux métiers, et aux ateliers pratiques. Ces bâtiments étaient très nombreux, spacieux et équipés de tout le matériel possible. Suivi les terrains de sports variés en tout genre, des terrains de football, de rugby, de basketball, de tennis etc. ainsi que deux piscines, une gigantesque découverte et une plus petite se trouvant à l’intérieur d’une pièce fermée. Non loin de la piscine couverte se trouvait un spa, ainsi qu’un hammam ce qui enthousiasma les filles. Le Centre contenait également des salles de cinéma, un bowling, une salle informatique, tout ce dont n’importe quels jeunes de leur âge pourrait désirer. 

 

- Mais m’sieur, est-ce qu’on a le droit de sortir en ville le week-end ? Demanda un élève curieux.

- Vous m’en voyez fort désolé, mais la réponse est non. Les dirigeants de l’Etat ont bien insisté sur ce fait, aucun élève ne doit sortir de l’enceinte du Centre. Je ne sais pas exactement pourquoi à vrai dire, je suppose que c’est une question de sécurité supplémentaire par rapport aux « saisons critiques ».

 

Cette remarque n‘était pas au goût de tous, ils devraient rester coincer ici. Pas le choix. 

Suite à quoi, Rico continua paisiblement la suite de la visite. 

 

- A votre droite, vous pouvez voir la salle des fêtes. En effet, plusieurs fois dans l’année des bals auront lieu, n’est-ce pas trop arriéré à votre gout Cindy ? 

 

Celle-ci ne broncha pas, trop honteuse de sa dernière altercation avec le guide.

 

- Très bien, je vais pouvoir poursuivre alors. Le premier bal aura lieu à la fin de cet été, en août plus exactement. Les garçons inviteront les filles à devenir leur cavalière et se rendront au bal en sa compagnie. Pour l’occasion, vous aurez le libre choix de vos tenues, même si le fait que vous soyez tous vêtues de manière raffinée et élégante pour un bal me semble obligatoire. Bien. Finissons cette petite exploration du Centre, par le foyer. Vous pourrez vous y retrouvez dès que vous en aurez l’opportunité, et pourrez partager des moments entre amis. Contiguë au foyer, se trouve la bibliothèque ainsi qu’une salle de jeux. De chaque part du foyer, ce sont vos chambres, les filles et les garçons d’un côté différent bien entendu. Vous partagerez une chambre double, et des salles de bains communes. Et pour les petits malins, oui, elles aussi sont séparées. Bon. Et bien, je crois que j’en ai fini avec vous ! Je vais donc vous laisser vaquer à vos occupations, profitez bien, car, dès demain, c’est le début des cours. Bonne soirée les jeunes ! 

 

Il était maintenant 17h passés, l’ensemble du groupe se dirigea donc en direction de leur chambre respective afin d’y déballer ses affaires personnelles. Aria et Luna ne faisant pas d’exception, elles allèrent découvrir l’endroit où elles allaient dormir pendant une année. Elles entrèrent dans l’espèce de manoir imposant, et commencèrent à chercher leur chambre. Elles montèrent des escaliers, en redescendirent, découvrirent les salles de bains sans le vouloir et finirent par tomber sur le couloir amenant à leur chambre. Hallelujah. Bonne nouvelle, les jumelles dormaient dans la même pièce, et elle se trouvait au dernier étage du bâtiment, leur laissant une vue imprenable sur le parc juxtaposé aux chambres des filles, ainsi que celles des garçons.

En son milieu se trouvait une magnifique fontaine, posée sur un socle de verre transparent, la couleur de l’eau ne cessant de changer. La chambre d’Aria et de Luna était composée de deux lits drapés de bleu, très modernes, ils n’avaient pas de pieds et tenaient en suspension dans l’air. Une table de nuit reposait à côté de chaque lit ainsi qu’une armoire. Le même modèle que celui d’Aria. Les deux jeunes filles s’empressèrent de ranger leurs affaires et filèrent dans le couloir afin de découvrir quelles seraient leurs voisines de chambre. 

 

- Oh malheur ! S’écria Luna.

- Qu’est-ce qui se passe ? Demanda Aria.

- Regarde, droit devant toi, notre voisine directe c’est l’autre cruche de Cindy là.

- Ah, flute. Tant pis, on ferra avec, et puis si ça se trouve elle est gentille ! Qui sont les autres ? 

- Hum décidément t‘es vraiment trop naïve, moi je suis sure que c‘est une peste. Bref, à droite de notre chambre, il y a Téa et Maya, j’ai un peu discuté avec elles ce midi, dans la file d’attente au self, elles sont cools !

- Ah, chouette ! Tiens, à gauche, il y a Madison et Nina, moins fun, il me semble que ce sont des copines à Cindy. Et un peu plus loin, nous avons Anastasia et Carla ainsi que pleins d’autres personnes que je ne connais pas ! Constata Aria.

- Oki, bon, on verra ça plus tard, j’ai envie d’aller faire un tour moi !

- Ca tombe bien, moi aussi, on va au foyer ? 

- Très bonne proposition ça sœurette, c’est parti ! Conclue Luna. 

 

 

 

 

Luna et Aria se dirigèrent donc en direction du foyer-bibliothèque-salle de jeux. La pièce en question était un lieu vraiment agréable, une atmosphère paisible y régnait ce qui donnait l’envie à chacun d’y rester. Elle était composée de multiples fauteuils et canapés de différentes teintes de bleu, allant d’une nuance aussi pale que du blanc, à une si foncée que l’on aurait dit du noir, et très confortable. Les murs étaient gris clairs, et de grandes fenêtres les ornaient de tous les côtés. Les adolescents commencèrent à se rapprocher les uns des autres, tissant des débuts de relation, plus ou moins durable. Les deux sœurs s’arrêtèrent alors sur le pas de la porte et Aria prit la parole:

 

- Whaouuu, mais c’est grand ! 

- Et blindé, souffla Luna, ne raffolant pas de la foule. Je crois que je vais aller du côté bibliothèque moi ! 

- Oh mais non, me laisse pas toute seule, viens avec moi on va faire de nouvelles rencontres !

- Euuuh, ça ne me tente pas vraiment…

- Tu n’as pas le choix, allez suis-moi !

 

Elle l’entraina en direction d’un groupe d‘individus. Parmi eux, se trouvaient Téa et Maya, ravie Luna s’assit à côté des seules personnes qu’elle connaissait et approfondie leur relation, tandis qu’Aria alla s’asseoir entre une fille, portant le nom de Capucine, voisine de palier, et d’un garçon, le fameux au tee-shirt rouge.

 

- Hey Romain !

- Salut, fit-il. Tu vas bien ?

-Très bien, heureuse de te revoir, lui-dit-elle en lui lançant un clin d’œil. Excusez-moi mais je ne connais pas tout le monde ici, quels sont vos noms vous autres ? 

- Moi c’est Damon, dit le premier.

- Alex, enchanté damoiselles, enchaina le second, ne quittant pas du regard Luna.

- Ravi de vous rencontrer je suis Aria, et voici ma sœur, Luna, celle qui essaye de se cacher entre Téa et Maya sur le canapé d’en face ! Rigola-t-elle.

- Ahah très drôle, rétorqua sa jumelle.

- Alors alors, j’aimerais en apprendre d’avantage sur vous tous, demanda Aria, je suppose que vous venez tous d’Atlanta, sinon on ne serait pas tous ensemble dans le même Centre, vous avez des membres de votre famille qui sont partis sur le « New Life » ?

 

Tous opinèrent, plus ou moins affectés par ce départ précipité. Les filles trouvant cela « horrible », les garçons répondant la plupart par un « ouais » peu démonstratif de leurs sentiments. 

 

- Et ici, le Centre, vous trouvez ça bien ? Continua-t-elle. 

- Moi, je trouve que c’est cool, dit Maya.

- Moi aussi, confirma Capucine.

- Mouais, à part le fait qu’on n’ait pas le droit de sortir quoi, signala Alex.

- Aaaah, moi aussi cette idée me déplait, fit Luna.

- Vous avez l’air d’avoir la même façon de penser tous les deux lança Aria, taquine.

- Gné gné, tu as fini oui ? 

- Pas tout à fait mais on verra ça plus tard, toutes les deux. 

- Ce n’est pas pour casser l’ambiance, dit soudainement Téa, mais c’est l’heure de manger non ?

- Ouiiiiiii, fit Aria, allons manger.

 

Ce soir-là, le petit groupe fraichement formé, mangea et passa le reste de la soirée ensemble. Faisant un tour à la salle de jeux suite au diner, les garçons jouaient au baby-foot, tandis que  les filles partageaient leurs impressions sur leur premier jour au Centre. Téa et Maya étaient effectivement des filles très chouettes, de nature simple, elles ne se prenaient pas la tête ce qui plut à Luna. Capucine s’entendait bien avec Aria, et Romain, était quelqu’un de plutôt sympathique. Damon était le clown séduisant du groupe et Alex, le garçon que tout le monde appréciait. L’heure du couvre-feu arriva, tous rejoignirent leur chambre respective. Une fois assises sur leur lit, Aria et Luna parlèrent un moment.

 

- Alors avec Romain ? Questionna Luna, très curieuse.

- Il est vraiment très mignon ! Et, il est plutôt gentil. 

- Tu es sure de vouloir mettre ton plan « anti-sentiment » en place ?

- Pas vraiment. Je le quitterais comme une vieille chaussette seulement s’il s’avère être un mec pas correct. Et vu que les apparences sont souvent trompeuses, je suis méfiante. 

- Ah, tu me rassures ! Indiqua Luna.

- Ne t’inquiètes pas, je ne suis pas un monstre ! Par contre, si c‘est un pauvre type, je me ferai un plaisir de le larguer comme ça, du jour au lendemain mouahaha. Bon, et toi, Alex ?

- Quoi, moi Alex ? Bailla Luna.

- Comment ça quoi ? Il est super canon, toutes les filles bavent sur lui mais il n’a pas la grosse tête pour autant, et reste naturel et sympa avec tout le monde ! En plus, il a l’air intelligent, et…Tu lui plais.

- Pardon ? 

- Ne fais pas comme si tu n’avais pas remarqué comment il te regarde Luna ! S’exclama Aria. Tout le monde l’a vu, tu t’es fait des ennemis sans le faire exprès du coup, ricana-t-elle.

- Je ne trouve pas ça hilarant hein.

- Bon, allez, à quand Luna-Alex ? 

- Pff, arrête de dire des bêtises.

- En plus, vous aviez l’air de bien vous entendre.

- Ce n’est pas faux mais… 

- Mais rien, c’est génial ! Hâte de voir ça. Il a l’air déterminé le garçon en plus, il ne va pas te lâcher de sitôt.

- Si tu le dis, soupira Luna. Bonne nuit Aria.

- Bonne nuit, rêve bien de tu-sais-quiiiiiiii.

 

Luna souffla une dernière fois afin de montrer son agacement envers sa sœur, mais n’insista pas. Cela ne servait à rien qu’elle s’égosille pour lui faire comprendre le fond de sa pensée. Aria était bornée, et cela n’allait pas changer aujourd’hui. Elles s’endormirent rapidement, épuisées par la longue journée passée, n’ayant aucune idée de la surprise de taille qui les attendrait au réveil.