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Chapitre 5

Le bal s’était déroulé à merveille, la totalité des élèves avaient apprécié leur soirée, de nombreux couples s’étaient formés, des amitiés s’étaient renforcées et des rivalités confirmées. Le lendemain matin, les étudiants avaient repris le cours de leurs révisions en vue des partiels se rapprochant à grands pas. La tournure des événements entre Alex et Luna resta méconnu de tous. 

 

Les jumelles dormaient encore, fatiguées et chamboulées de la veille, lorsqu’une personne toqua à leur porte. 

 

- Mmmhhh, grommelèrent les sœurs en cœur. 
- Qu’est-ce qui se passe ? Demanda Luna.
- Hey les filles ! Ne me dites pas que vous dormez encore à cette heure là ? Il est bientôt 13h ! Déclara Maya toujours derrière la porte.

 

Aria entreprit alors la dure tâche de se lever de son lit afin de laisser entrer Maya. Ah, et Téa aussi, cette dernière ne s’était pas manifestée. Suite à cet effort considérable, elle retourna se coucher dans son lit, la tête cachée sous l’oreiller. 

 

- Bien dormi ? Les questionna Téa. 
- Pas assez, répondit Luna.
- Tant pis, vous rattraperez vos heures de sommeil en retard ce soir. Vous voulez venir au cinéma avec nous ? La séance est à 14h.
- Oui pourquoi pas ! On se prépare et on vous rejoint là-bas. Confirma Luna. N’est-ce pas Aria ?
- Mmmh, maugréa cette dernière.
- D’accord, on vous attendra à l’intérieur pour prendre les places, à tout à l’heure ! Lança Maya avant de quitter la chambre, accompagnée de Téa.

 

Luna se leva et partit se doucher après avoir demandé à sa sœur de faire de même. Une heure après, Aria n’était toujours pas levée et s’était même rendormie lorsque sa sœur revint dans la chambre.

 

-  ARIAAAA. Hurla Luna. 

 

Aria réprima un sursaut et sauta littéralement hors de son lit.

 

- Je suis prête ! S’exclama-t-elle.
- Tu es en pyjama.
- Non.
- Tu te moques de moi ? 
- Absolument pas. 
- D’accord, on y va alors. Assena Luna, victorieuse.
- Ok, je vais juste m’habiller et on est parti. Termina Aria tout en disparaissant dans l’armoire.

 

Quelques minutes plus tard, les jumelles se trouvaient devant le cinéma, soulagées d’être arrivées à temps. Elles entrèrent dans la bâtisse et aperçurent Maya dans la file d’attente qui les rejoignit.

 

- Ah vous voilà ! J’ai pris vos places en avance, tenez. Dit-elle tout en leur passant les tickets. Vous n’avez plus qu’à aller chercher un petit quelque chose à grignoter.
- D’accord. Acquiescèrent les jumelles.

 

Elles se dirigèrent donc vers le buffet mis à disposition pour l’ensemble des élèves, et choisirent de prendre du pop-corn. Suite à quoi, elles allèrent dans la file en compagnie de Maya et Téa, ainsi que de Max, Capucine et Juliette. En attendant les dernières personnes conviées, le groupe d’amis discuta des derniers ragots sur le bal jusqu’au moment où Max les interrompit.

 

- Ils sont arrivés !
- Ah enfin, maintenant qu’Alex et Damon sont là, on va pouvoir rentrer. Ajouta Juliette.

 

Lorsque Luna entendit le prénom d’Alex, elle se cacha précipitamment derrière Aria et entraîna la chute du pop-corn qu’elle tenait. Cette dernière tenta de récupérer la bêtise de sa sœur en un geste tout à fait naturel, consistant à tendre le bras. Cela aurait pu paraitre anodin si le pot n’était pas directement revenu dans sa paume ainsi que les quelques pop-corn tombés à la renverse.

 

- Aria, je crois que ton sauvetage n’est pas passé inaperçu. 
- Je sais. Chuchota-t-elle.
- Bon, allons-y les amis ! S’empressa de rajouter Luna, comme si de rien était. 

 

Le groupe d’amis resta perplexe devant cet acte plus qu’anormal. Tous se posaient la même question : mais comment Aria a-t-elle pu faire cela ? Ce n’était pas possible, même avec des réflexes très développés. Mais cette interrogation resterait sans réponse pour le moment, vu qu’ils s’apprêtaient à rentrer dans la salle. Lorsqu’ils furent tous assis, Aria se pencha vers sa sœur.

 

- Psst Luna. Pourquoi tu m’as sauté dessus quand Alex est arrivé ? 
- De ? Moi ? Non, aucun rapport. 
- C’est tout de même une grosse coïncidence, pile au moment où Juliette précisait que les garçons arrivaient. A moins que ce ne soit à propos de Damon. 
- Hum… Non non. Répondit nerveusement sa jumelle. C’est juste le hasard.
- C’est bon, si tu ne me racontes pas la vérité maintenant Luna, je vais commencer à m’énerver. Et j’appelle Alex.
- D’accord. Fit-elle, vaincue. Mais alors on s’éloigne des autres. 
- Si tu insistes. Finit Aria en se levant en direction de l’avant de la salle.

 

Depuis une centaine d’année, les cinémas avaient été améliorés. En effet, pour plus de confort et d’intimité, les concepteurs avaient ajouté des canapés-lits à la place des premiers rangs de sièges habituels. Pendant que Luna expliquait à Aria ce qu’elle voulait savoir, Damon se renseignait sur les événements de la veille auprès d‘Alex. 

- Alors, ça s’est passé comment pour toi hier soir ? Je t’ai vu t’éclipser au moment des slows avec Luna. 


- Beh, c’est la première fois que je me faisais recaler. 
- Pardon ? Comment ça « recaler » ? Le questionna Damon.
- J’ai essayé de l’embrasser. Mais, elle m’a repoussé.
- C’est-à-dire ? Vous étiez proches pourtant non ?
- Oui. Je n’ai pas compris sa réaction. Fit Alex, déçu.
- Qu’est-ce qu’elle a fait exactement ? Peut-être qu’elle ne se sentait pas prête ou alors, elle ne s’y attendait pas et tu l’as prise au dépourvu.
- J’étais sur le point de l’embrasser, mais au dernier moment, elle s’est baissée, a refait mes lacets et est partie. 
- Ah oui carrément. Pouffa Damon, une once de moquerie dans la voix.
- Donc bon, tu as raison peut-être qu’elle n’était pas …

 

Tout à coup, des cris stridents se firent entendre et mirent fin à la discussion entre Alex et Damon.

 

- LUNAAAAA.
- Ne crie pas si fort voyons ! Chuchota sa sœur.
- MAIS BIEN SUR QUE SI ! TU TE RENDS COMPTE DE CE QUE TU AS FAIT ? 
- Chhhhuuut Aria, calme toi s’il te plait. 
- OOOOH QUE NON ! CA NE RISQUE PAS D ARRIVER ! 
- Tu sais, l’ensemble de la salle n’est pas obligé d’être au courant de mes petites histoires. Ajouta-t-elle.
- JE ME FICHE DE CE QUE PEUVENT PENSER LES AUTRES LUNA ! POURQUOI ? POURQUOI AS-TU FAIT CA ? 
- Je …

 

A ce moment précis, un membre du personnel du cinéma rentra dans la pièce sombre, avertit par les cris stridents de la jeune femme retentissants aussi bien à l’intérieur, qu’à l’extérieur de la salle. Il se dirigea alors vers l’origine des dérangements sonores.

 

- Mesdemoiselles. Je vous prie de bien vouloir quitter ce bâtiment s’il vous plait.
- PARDON ? S’égosilla Aria.
- Vous dérangez l’ensemble des spectateurs, les empêchant de profiter convenablement de leur séance. Par conséquent, je vous demande de vous en aller dans les plus brefs délais si vous voulez éviter quelque sorte d’ennuis. 
- Hum… Oui, aucun problème. Nous partons de ce pas. Répondit Luna, docile.
- MAIS !
- Tais-toi Aria, tu as assez mis le bazar ici, tu ne crois pas ? Allez, sortons.
- D’accord. Bougonna cette dernière rétissante.

 

Les jumelles se levèrent, et le suivirent jusqu’à la sortie, non sans des dizaines de regard surpris et curieux posés sur elles. Une fois arrivées dehors, Aria, furieuse, relança la discussion.

 

- Je suis désolée d’avoir crié trop fort et de nous avoir fait expulsé de la séance. Déclara-t-elle. Mais, tu sais, c’est de ta faute en réalité ! 
- Excuse-moi ? Ma faute ? S’étonna son ainé.
- Parfaitement ! 
- Tu voulais la vérité, tu l’as eue. Assena-t-elle. 
- Je ne m’attendais pas à ce que tu m’annonces quelque chose d’aussi énorme. Luna, un des garçons les plus populaires de cet internat a essayé de t’embrasser, et toi tu l’as remballé ! 
- Hé ! Je ne l’ai pas remballé d’abord. 
- Non, tu as raison. Tu as fait pire. Tu as fuit, après lui avoir refait les lacets de ses chaussures ! Et sans raison valable en plus ! On s’en fichait qu’il ait les lacets défaits, ça ne l’aurait pas empêché de t’embrasser langoureusement !
- ARIA ! S’exclama Luna, gênée à cette idée de baiser. 
- Bah quoi, c’est vrai après tout, c’est-ce qu’il avait l’intention de faire ! Mais maintenant, je ne suis pas sûre que l’occasion se représente ! Je suppose que tu ne sais pas comment il va réagir en te voyant, c’est pour cette raison que tu m’as littéralement sauté dessus tout à l’heure dans la file d’attente ? 
- Exactement. 
- Ce n’est pas malin cette histoire, j’espère pour toi que ce n’est pas le genre de garçon avec une fierté prépondérante, et que tu aurais touché dans son égo, sinon tu ne risques pas de le rapprocher de sitôt ! Déclara Aria.
- Merci pour ces encouragements sœurette ! 
- Désolée. De toute façon, on ne peut pas anticiper sa réaction alors, c’est le suspens, tu verras bien quelles seront les répercussions de ta bêtise. 
- Mouais. 

 

Sur ces dernières paroles, elles se dirigèrent vers leur chambre afin de réviser les partiels se déroulant dans très peu de temps. L’après-midi passa à une vitesse folle, Aria avait du mal à se concentrer, préférant penser à Damon avec qui elle avait passé une soirée merveilleuse, tandis que Luna préférait se plonger à corps perdu dans le travail, évitant au maximum de penser à Alex. 

            

 

 

 


L’heure du souper arriva, les deux jeunes femmes sortirent donc de leur chambre, et poursuivirent leur trajet à travers  des couloirs et passages extérieurs pour rejoindre la cafétéria. Sur la route menant à cette dernière, elles croisèrent plusieurs élèves qui se mirent à chuchoter à leur approche. Ces jasements en leur présence ne diminuèrent pas à leur entrée dans le bâtiment, pire, ils décuplèrent.

 

- Tu crois que notre expulsion du cinéma a déjà fait le tour des étudiants ? Demanda Aria, surprise de l’ampleur que leur acte avait pu prendre.
- Apparemment. Il ne se passe pas assez de choses ici, alors dès que la moindre personne déraille du circuit dit « normal », les gens en font toute une histoire. 
- S’ils savaient pour toi et Alex, je n’imagine même pas ce qu’ils…
- Ne parlent pas de ça ici voyons ! L’interrompit Luna. Si quelqu’un l’apprend, ce sera encore pire que moi et mes cheveux violets. 
- Ceci dit, qui à parler, autant le faire sur un sujet intéressant…
- Ariaaa.
- D’accord, j’ai compris. Je ne dirai rien à propos de ce « désagrément » dans des lieux publics. Annonça-t-elle.
- Promis ?
- Promis.
- Mmh. 
- Tiens, on va s’asseoir avec Damon et l’amant maudit ? Lança Aria.
- ARIA ! Qu’est-ce qu’on vient de dire ? 
- Oups. 
- Tu es intenable. Souffla Luna, excédée.

 

Les jumelles s’approchèrent de la table où siégeait leur petit groupe habituel. A leur arrivée, toute discussion entamée auparavant cessèrent. Aria et Luna échangèrent un regard d’incompréhension mutuel.

 

- Ne me dites pas que vous parliez vous aussi de notre petit problème de renvoi ? Les questionna la cadette. 

 

Aucune réponse ne suivit sa requête, ce qui eut pour conséquence d’énerver quelque peu Aria.

 

- Oh oh ! On est là vous savez ! S’indigna-t-elle.
- Pardon, finit par dire Damon. 
- Vous nous avez prises par… Surprise. Tenta Maya, tant bien qu’elle le pouvait.
- Mais bien sur. Je suis sociable et joyeuse, et non idiote. Dites-moi ce qu’il se passe. Rétorqua Aria. 
- Hé bien oui. Comme la plupart des gens, nous parlions de votre euh… « passage » au cinéma. Avoua Téa, en lançant un regard entendu aux autres membres du groupe.
- Bon, si ce n’est que cela, on peut vous pardonner ! Affirma Luna, essayant de détendre l’atmosphère, plus qu’étrange.
- Désolé, continua Alex, tout en fixant Luna. Ce n’était pas très poli de notre part d’agir de la sorte. 
- Ce n’est pas grave, il fallait bien trouver un sujet de conversation n’est-ce pas ? Répondit, faussement convaincue Aria.
- Oui. D’ailleurs, maintenant que vous êtes là, parlons-en véritablement au lieu de se contenter de ragots colportés. Pourquoi est-ce que tu criais comme une forcenée Aria ? L’interrogea Capucine.
- Hum… C’est-à-dire que, c’est un peu compliqué. Luna me racontait que … Euh …
- Que j’avais fait un trou dans ma robe de bal en rentrant, enchaina-t-elle. Et vu que c’était un cadeau de ma très chère sœur, elle l’a très mal pris, ce qui explique le sermon.
- Voilà, tout à fait. Confirma cette dernière. Cela m’a mis hors de moi, et je me suis emportée. 
- Mmh je vois. Dit Maya. 
- Et par rapport aux pop-corn ? Se renseigna Juliette.

 

Les jumelles manquèrent de s’étouffer avec ce qu’elles étaient en train de manger respectivement. 

 

- Les … Pop-corns ? Répéta innocemment Luna.
- Oui, il s’est passé quelque chose de bizarre avec dans la file d’attente.
- Je ne vois absolument pas de quoi tu parles, et toi Aria ?
- Non plus, j’ai failli les faire tomber mais, j’ai de très bons réflexes ! 
- Mais, on se disait que…
- Tout est parfaitement normal dans cette histoire voyons, ne vous arrêtez pas là-dessus d’accord ? Et si vous me racontiez votre soirée de bal à tous hein ? Conclu Aria.

 

Le groupe d’amis ne posa pas d’avantages de questions à propos de cette mystérieuse histoire de confiserie, mais n’en resta pas pour le moins très curieux. Ils n’avaient pas obtenu les réponses à leurs interrogations, ou du moins, si, mais très peu concluantes. Ils n’étaient d’ailleurs pas les seuls à se demander comment un tel acte était possible. Et lorsqu’un problème ne trouve pas de réponse rationnelle, il y a toujours quelqu’un pour se tourner vers des hypothèses… Surnaturelles.

 

            

 

 

 

Les jours passèrent, rapprochant dangereusement l’ensemble des élèves des partiels. Il ne leur restait que quelques jours avant cet événement décisif pour leur premier trimestre et le stress commençait à se faire ressentir pour pas mal d’entre eux. Mais hormis, leur sentiment d’anxiété grandissant, un autre élément venait agrémenter leurs discussions : Aria. 

 

En effet, son petit tour de rapidité au cinéma n’était pas passé inaperçu. Les élèves présents lors de cet incident en avait parlé aux autres élèves, et en moins d’une après-midi la moitié des membres de l’internat étaient au courant, alors plus d’une semaine après… Tout le monde le savait. Tout le monde en parlait. Tout le monde cherchait des réponses. Mais personne n’en avait trouvé aucune de vraisemblable. Certains avaient parlé de facultés ou de dons, et une grande partie adhérait à l’hypothèse. 

 

Les jumelles s’étaient bien rendu compte que quelque chose ne tournait pas rond avec elles. Les gens chuchotaient à leur passage, se moquaient ou s‘éloignaient. La perspective d’un quelconque rapport avec le surnaturel et l’irrationnel en effrayait plus d’un, et les membres de leur groupe d’amis en faisaient partie. Ils faisaient tout ce qu’il leur était possible pour éviter Aria et Luna. Ils changeaient de place à la cantine, arrivaient plus tôt en cours pour ne pas avoir à les croiser sur le chemin y menant, et ne leur adressaient la parole que lorsque c’était obligatoire et avec beaucoup de réticence. Les seuls qui ne cherchaient pas désespérément à les fuir, étaient Damon et Alex. Aria continuait à fréquenter Damon car c’était son petit copain, quant à Luna, elle faisait de son mieux pour ne pas croiser Alex suite à la soirée du bal, et pour l’instant elle y arrivait très bien. 

 

Aria et Luna, qui avaient d’abord pensé que les chuchotis étaient en rapport avec leur expulsion du cinéma, avaient vite compris qu’ils étaient en réalité due à l’accident de la file d’attente. Ne pouvant pas expliquer cet événement mystérieux à leurs amis, elles ne purent qu’assister à leur éloignement progressif, non sans peine. Surmonter les rumeurs des autres étudiants n’étaient pas très compliqués, ne les connaissant pas directement, elles n’étaient pas particulièrement touchées par la situation. Jusqu’à ce fameux soir. 

 

Les jumelles rentraient à leur chambre tranquillement, mais lorsqu’elles arrivèrent devant leur porte, cette dernière était entrouverte. Elles pénétrèrent à l’intérieur, prudemment, ne comprenant pas ce qu’il se passait. Quelle ne fut leur surprise lorsqu’elles aperçurent un de leur mur tagué à la bombe de tout son long. Il y était inscrit « MONSTRES » en lettres battons encore dégoulinantes de peinture. Cette fois-ci, c’était trop. 


- Aria, ce n’est plus possible là ! S’indigna Luna. 
- Oui, je suis d’accord. Confirma cette dernière. 
- Je veux bien endurer moqueries, soupçons et messes-basses, mais là c’est du vandalisme ! Cela vire au harcèlement ! Et, je ne le tolèrerai pas une minute de plus ! Nous ne sommes pas des monstres !
- Je le sais bien cela moi Luna, ce sont les autres qui l’ignorent. Peut-être que cela serait plus simple s’ils connaissaient la vérité ? 
- Mais on ne peut rien leur dire ! Tu imagines leur réaction lorsqu’on leur annoncerait ? Aria est télékinésiste et moi, je contrôle l’eau. Non non, nous sommes normales, vous pouvez continuer à nous approcher, nous ne mordons pas.
- Mmh. Peut-être qu’après le choc de la nouvelle, ils le prendraient bien, et trouveraient même cela cool. Essaya la cadette.
- Oui, et peut-être qu’ils nous enverraient dans des centres scientifiques pour nous disséquer tels des cobayes de laboratoires. On ne peut pas prendre le risque Aria, et tu le sais. Je suis désolée mais on va devoir trouver une autre solution. 
- Le plus vite serait le mieux, j’en ai plus que marre que personne ne vienne me causer. Râla-t-elle.
- Mouais. Je suppose que tu n’as pas d’idée à me proposer ? 
- Non. La seule chose que j’aimerais faire c’est partir. Et loin d’ici.

 

Un long moment de silence suivit la réflexion d’Aria, les laissant toutes deux pensives.

 

- Ce n’est pas si bête comme proposition. Réfléchit Luna.
- De ?
- Partir. Enfin, plus exactement s’échapper. Tu es un génie sœurette.
- Je ne suis pas sûre d’avoir tout compris. Répliqua Aria.
- On va s’enfuir du centre.
- Mais bien sur, tu peux être drôle quand tu t’y mets Luna.
- Je suis sérieuse. Mais pour cela, on va devoir monter un plan et surtout très bien s’organiser. Et puis, il va falloir qu’on soit très discrète. Tu as saisi Aria ? Demanda-t-elle.
- Oui. On va se transformer en agent secret ! On peut avoir des noms de code comme dans les films ? 
- On verra cela plus tard si tu veux. Pour l’instant, il va falloir qu’on se creuse les méninges pour trouver un moyen de partir d’ici sans que qui que ce soit ne le remarquent. Conclu Luna.

 

Plusieurs jours de réflexion furent nécessaires aux jumelles avant que leur plan ne soit totalement mis au point. Mais le moment était venu. Elles allaient partir. Cette nuit même. Il ne manquait plus qu’à régler les derniers détails, et leur « mission commando » comme se plaisait à l’appeler Aria, allait enfin pouvoir démarrer.

 

- Bon, tu es sûre d’avoir bien tout compris Aria ? La questionna sa sœur. 
- Oui, ne t’inquiètes pas pour moi. Je serai parfaite dans mon rôle. 
- D’accord. Je te fais confiance, il faut que tout soit exactement exécuté comme c’est prévu hein !
- C’est bon, je te dis !
- Bien, répète moi le plan encore une fois, juste pour être sûre. Demanda Luna, assise sur un fauteuil dans un coin reculé de la bibliothèque. 
- Tu n’es pas possible hein ! Bon alors, pour commencer, on va avoir besoin des pass de plusieurs personnes hauts placées ici, afin d’avoir accès à certains lieux clefs.


Luna acquiesça de la tête en signe d’approbation. 
 
- Bon évidemment pour obtenir ces pass, on va devoir les voler.
- Les emprunter. La corrigea sa jumelle.
- Appelle cela comme tu veux. Bref, on « emprunte » d’abord le pass de Rico pendant le repas pour ensuite accéder à celui de la directrice situé dans son bureau. 
- Très bien. 
- Pour finir, avec le pass de la directrice, on pourra pénétrer dans le bureau de contrôle des caméras de surveillance pour éteindre celles dont je ne pourrais pas m’occuper avec mon pouvoir. Comme cela, la voie sera libre pour accéder jusqu’à l’issue de sortie située tout près du foyer, et avec le fameux pass de Madame Golden, on déverrouillera la porte de secours et nous voilà liiiiibres.
- Je te félicite !
- Je sais que je suis merveilleuse ! Pouffa Aria. 

 

Il était maintenant l’heure du souper, les deux jeunes femmes entreprirent donc le lancement de leur plan ingénieux tout en se dirigeant vers la cafétéria. Une fois arrivées à destination, elles se servirent et s’assirent à une table, seules, comme à l’accoutumée depuis que leur petit secret avait été révélé. Après une dizaine de minutes, elles se levèrent et partirent en direction de la salle où le corps enseignant et le corps administratif prenaient leurs repas. Le fait de ne plus avoir d’amis avait au moins un avantage, personne ne les questionna par rapport à leur départ quelque peu précipité de la cafétéria. En effet, il était encore trop tôt pour quitter la bâtisse, et toute personne normalement constituée était en plein repas. Arrivées dans la salle appropriée, elles cherchèrent Rico afin de mettre en œuvre leur plan. Il allait leur falloir une bonne excuse pour expliquer la raison de leur présence dans ce lieu réservé au personnel du Centre si elles ne voulaient pas avoir de problème et que tout se déroule comme prévu.

 

- Rico ! S’exclama Aria. Nous te cherchions justement ! 
- Les filles, qu’est-ce que vous faites là ? Vous devriez manger en ce moment même.
- Je suis désolée, continua Aria. Mais j’ai oublié mon pull au foyer tout à l’heure et je viens de m’en rappeler ! Je me demandais si il aurait été possible d’aller le récupérer maintenant ? 
- Avant la fin du souper ? Pourquoi cela ? Tu ne peux pas attendre une petite demi-heure ? Ton pull n’aura pas bougé d’ici là !
- Oh s’il te plait Rico ! J’ai peur que si l’on attende après manger, ce soit trop la cohue au foyer pour que je puisse récupérer quoi que ce soit. Tu me comprends n’est-ce pas ? Le questionna Aria.
- Mmh. Marmonna-t-il, peu convaincu.
- Je l’accompagnerai si c’est un problème ! Finit par dire Luna, qui s’était fait très discrète jusqu’à présent pour subtiliser le pass de Rico pendant son échange avec sa sœur. Ne t’inquiètes pas, nous serons de retour avant la fin du repas ! C’est juré !
- Bon c’est d’accord, mais faites vite ! Et que cela ne se reproduise plus, ce sera la première et la dernière fois que je vous laisse sortir en dehors des horaires prévus à cet effet. J’ai été clair ? 
- Très clair ! Répondirent les jumelles en cœur, tout en reculant vers la porte.

 

Aussitôt sorties de la cafétéria, Aria se retourna vers sa sœur:

 

- ALORS ? TU L’AS ?
- Mission réussiiiiiiiiiiiiiie. J’ai le pass ! Explosa de joie Luna.
- Géniaaal ! Etape une accomplie. Bon alors maintenant, étape deux: je vais jusqu’au foyer pour détourner le maximum de caméras pour éviter qu’elle filme notre escapade nocturne, et pendant ce temps toi, tu vas subtiliser le pass de la directrice dans son bureau. Allez, c’est parti ! A tout à l’heure !

 

Les bâtiments réservés à l’administration se trouvaient de l’autre côté de ceux des dortoirs et du foyer, elles n’avaient donc pas le choix, elles étaient obligées de se séparer. Pendant qu’Aria déviait les caméras de leur trajectoire d’origine, sa sœur se dépêchait de rejoindre l’entrée du Centre, en essayant d’être le plus discrète possible. Elle avait étudié les rondes des gardes pour pouvoir les éviter en temps et en heure, ainsi que le placement des caméras. La tâche restait tout de même assez compliquée, et quelques imprévus l’obligèrent à se jeter littéralement face contre terre afin de les endiguer. 

 

Malgré cela, Luna arriva en un seul morceau devant les bureaux administratifs. Elle sortit alors discrètement le pass de Rico et le passa devant la machine prévue à cet effet, située au milieu de la porte d’entrée. Après un moment de silence et de doute qui lui sembla interminable, un cliquetis se fit entendre. La voie était libre, et la porte déverrouillée. Elle se faufila à l’intérieur de la bâtisse tout en surveillant le moindre petit mouvement autour d’elle. Elle avançait prudemment dans le couloir principal afin d’accéder à l’escalier menant au deuxième étage, lorsqu’une porte d’un bureau voisin s’ouvrit à la volée. Prise de panique, Luna se cacha précipitamment derrière une bibliothèque remplie de matériels électroniques qui se trouvait à côté d’elle et attendit. Un homme passa devant elle, concentré sur le petit hologramme que projetait sa montre. Le mystérieux homme avait été trop occupé pour remarquer sa présence et continuait de marcher tout droit en direction de la sortie. Luna avait échappée de peu à l’anéantissement de leur plan. Si quelqu’un l’avait trouvé dans les locaux à cette heure là, repliée sur elle-même et sans aucune autorisation, elle aurait eu de sérieux ennuis. 

 

Plus angoissée que jamais, elle reprit son ascension vers le bureau de la directrice, localisée au second niveau de la bâtisse. Elle s’empressa de monter les marches la séparant de son but et quelques instants plus tard, Luna se retrouvait devant l’office de Madame Golden. Elle avait aperçu la directrice lorsqu’elle était entrée dans la cafétéria avec Aria,  elle ne s’inquiétait donc pas de se retrouver nez à nez avec elle lorsqu’elle pénétra à l’intérieur de la pièce. Son bureau était beaucoup plus spacieux que ceux des autres membres du personnel et était décorée avec goût. De nombreux tableaux ornaient les murs et quelques étagères parsemaient les murs. En son centre, se trouvait un immense bureau de verre avec plusieurs ordinateurs posés dessus. Luna s’en approcha et entreprit la fouille des multiples tiroirs situés en dessous du bureau dans l’espoir de trouver un double du pass de la directrice. Quelques minutes de stress passèrent, mais Luna finit par trouver ce qu’elle cherchait. Soulagée, elle entreprit la remise en place exacte des éléments qu’elle avait pu déplacer et repartit le plus rapidement possible rejoindre sa sœur à la cafétéria.

 

Les jumelles se retrouvèrent devant le réfectoire après avoir parcouru chacune de leur côté le chemin les séparant du bâtiment.

 

- Alors ? Questionna Aria, à bout de souffle, ayant couru pour arriver avant la fin du souper.
- C’est bon. Lui répondit Luna, dans le même état.
- Allez, rentrons avant qu’on ait des ennuis avec la direction.
- Je te suis. 

 

Arrivées à l’intérieur, elles finirent leur repas, soulagées de la réussite de la première partie de leur plan. Il ne manquait plus qu’à assurer la seconde, et elles seraient libres. Terminées les critiques en tout genre, elles allaient pouvoir se concentrer sur elles-mêmes et sur l’origine de leurs pouvoirs en toute sérénité. Leur souper terminé, elles suivirent le reste des élèves en allant passer la fin de la soirée au foyer. Elles s’installèrent un peu à l’écart des autres dans la bibliothèque, afin de ne pas attirer l’attention. 

 

Quelques minutes avant l’heure du couvre-feu, Aria et Luna allèrent se rafraichir aux toilettes, une action des plus anodines en apparence, excepté le fait que lorsque une personne dite normale utilise ce genre de lieu, elle en ressort. Chose que les jumelles ne firent pas. Cela faisait partie de leur plan. Elles devaient se cacher dans les toilettes situées entre le foyer et la bibliothèque, afin de pouvoir en ressortir et demeurer dans les bâtiments communautaires une fois que les surveillants appelant au couvre-feu soient passés. De ce fait, elles pourraient ensuite accéder à la salle de commande des caméras de surveillance, afin de désactiver celles les gênant pour leur escapade du Centre. 

 

Aria et Luna attendirent donc patiemment, enfermées dans les toilettes. Lorsqu’elles n’entendirent plus aucun son provenant des salles contiguës, elles se risquèrent à sortir pour atteindre le couloir reliant foyer et bibliothèque. Il faisait noir et les jumelles se déplaçaient lentement en direction du bureau de commande. Cela ne faisait que quelques instants qu’elles se trouvaient hors de leur abri qu’un bruit se fit entendre. Elles n’eurent pas le temps de réagir d’une quelconque façon qu’une voix les interpellait déjà. Les jumelles se retournèrent alors doucement vers la provenance des appels, redoutant le pire. Et, surprise. 

 

Dans l’embrasure de la porte au bout du couloir, deux individus se tenaient debout. Ce n’était pas des membres du personnel du Centre comme elles auraient pu s’y attendre, mais de toutes autres personnes. Uniquement éclairés par la lumière sortant des toilettes, le visage bien connu de Damon et Alex se dessinaient dans la pénombre ambiante. Déstabilisée, Aria fut la première à prendre la parole.

 

- Mais qu’est-ce que vous faites ici tous les deux ? 
- Ce serait plutôt à moi de te poser la question ! Répliqua Damon s‘adressant directement à cette dernière.
- Pourquoi cela ? 
- Je te cherchais. Et Alex cherchait Luna. Alors quand on vous a vus rentrer dans les toilettes et que vous n’en êtes pas sorties, on s’est posé des questions. Du coup, on a décidé de vous attendre en nous cachant nous aussi, en espérant que vous ressortiez de ces maudites toilettes ! Mais bon sang, c’est quoi cette histoire les filles ? Qu’est-ce que vous faites encore là, après le couvre-feu ? 
- Nous partons. 
- Pour aller où ? Demanda-t-il nerveusement.
- On part. On s’enfuit. On quitte ce fichu centre Damon. 
- Quoi ? Mais, comment ? C’est impossible, tu dis n’importe quoi Aria !
- Non, c’est très sensé au contraire. Les coupa Luna. La vie pour nous ici est devenue insupportable. Plus personne ne nous cause. Plus personne ne nous approche. Mais nous représentons la principale cible des moqueries et insultes de tout le monde ! Il y a de ça quelques jours, notre chambre a même été vandalisée. On nous traite de monstres.
- Mais pourquoi tu ne m’en as pas parlé ? Renchérit Damon en fixant sa sœur. Cela fait longtemps que vous y pensiez ? Aria, voyons, j’étais là. Je suis là ! J’aurai peut-être pu…
- Tu aurais pu quoi ? Le coupa Aria, tout à coup bouleversée par la situation. Tu n’aurais rien pu faire Damon. Je suis désolée. Tu es un garçon génial, quelqu’un d’admirable et de profondément gentil. Mais pour être franche, je ne suis pas faite pour toi. Je ne suis pas une personne à proprement dite « normale ».
- Que … Qu’est-ce que tu racontes Aria ? Comment cela tu n’es pas normale ? 
- Tu sais, cet incident dont tout le monde parle ? Celui de la file d’attente, au cours duquel j’ai vaillamment sauvé mes pop-corns. Et bien, la vérité, c’est que je n’ai pas des réflexes super-développés. Je suis télékinésiste. 

 

Un moment de silence suivi cette déclaration, lourde de sens. Et c’est Alex qui le brisa. 

 

- Aria, tu veux dire que, tu possèdes réellement une sorte de don ? 
- C’est exact. Et Luna aus…
- Hum hum… Fit mine de tousser cette dernière. Elle veut dire que je l’aide à gérer cette « particularité ». On aurait préféré que cela reste secret pour éviter, et bien pour éviter tout ce bazar tout simplement.
- C’est fou. Répondit Damon.
- Complètement. Ajouta Alex.
- Je sais. Murmura presque la cadette. Mais c’est comme cela. C’est-ce que je suis, et je ne peux pas le changer. Et vu que cela dérange les autres élèves, nous allons partir. Pour le bien de tous.
- Et qu’est-ce que vous allez faire… Dehors ? Demanda Alex, profondément confus.
- On s’enfuira dans une autre ville, là où personne ne nous posera de questions. Ensuite, on cherchera une explication à ce qu’il m’arrive. 
- Mais, cela veut dire que… nous deux, c’est fini ? Tenta timidement Damon.
- Oui. Je suis désolée. Vraiment. Je t’apprécie. Enormément. Tu es une des meilleures choses qui me soient arrivées ici. On essaiera de rester en contact, je te le promets !
- Aria, il y a tellement de choses que j’aimerais te dire mais…
- On va vous laisser un peu d’intimité tous les deux. Convint Alex. 
- Oui, mais pas longtemps ! Conclu Luna. On va devoir y aller.

 

Pendant qu’Aria et Damon échangeaient leurs derniers mots doux, Alex s’entretint enfin avec Luna.

 

- Luna… Je ne sais pas par où commencer. Je suis désolé !
- Ne t’excuses pas Alex. C’est à moi de le faire. J’ai été nulle, dans tous les sens du terme. Je n’aurai pas dû t’éviter comme je l’ai fait après la soirée du bal. Mais, je-je ne savais pas quoi faire d’autre. Bégaya Luna, extrêmement gênée.
- Arrêtes. 
- Non. J’ai tout fait foiré ! A la soirée de bal, quand tu étais sur le point de… Tu sais quoi. J’ai-j’ai paniqué !  Je t’ai vu te rapprocher doucement, te pencher vers moi. J’ai stressé. Avoua-t-elle. Ce n’est pas dans mes habitudes de me retrouver dans ce genre de situation. Alors j’ai trouvé une excuse totalement improbable, et j’ai fuit lâchement. 
- Tu as raison sur un point.
- Hein ?
- On ne m’avait jamais rembarré en me refaisant mes lacets défaits. Cela a eu le mérite d’être originale ! De toute façon, tu es originale Luna. C’est-ce qui m’a tout de suite plu chez toi. 
- Alex… Ne me dis pas des choses aussi gentilles après ces dernières semaines où je me suis si mal comportée avec toi. 
- Je ne t’en veux pas Luna. 
- Mais-mais tu devrais ! S’exclama-t-elle.
- Peut-être. Mais je t’apprécie trop pour cela. Et maintenant que j’apprends que tu vas t’en aller, je suis bien trop peiné pour t’en vouloir ! Je veux profiter des derniers instants qu’il nous reste. Je peux te prendre dans mes bras ? 
- Mm-oui.

 

Sur ce, il s’exécuta, l’a pris dans ses bras et la serra fort. Lorsqu’ils se séparèrent, Aria et Damon faisaient de même. Ils firent tous quelques pas en arrière, de sorte que les deux garçons se trouvaient face aux jumelles. Ils s’étaient échangés leurs derniers mots, et ils le savaient. Les garçons avaient accepté de servir de moyen de distraction. En partant, ils devraient faire du bruit dans le foyer, pour attirer le gardien hors de la salle de contrôle des caméras. De cette façon, les filles auraient libre accès à la pièce et pourraient rapidement bloquer les derniers appareils à leur avantage. 

 

Tout était convenu et le moment de partir arriva. Les jumelles se retournèrent et s’avancèrent vers la porte du couloir en direction de la sortie. Elles étaient pratiquement arrivées à la fin du couloir lorsqu’une main attrapa le poignet de Luna. Alex la tenait fermement et la fit se retourner vers lui. Avant qu’elle n’ait eu le temps de protester ou de stresser pour quelconque raison, il se pencha vers elle et l’embrassa. Luna ne s’y attendait pas et se tenait là, stoïque et déstabilisée par ce qu’il venait de se produire. 

 

- C’était un baiser d’adieu. Déclara Alex. Tu vas me manquer Luna. 

 

Après ce court échange, et un regard en disant long sur ses sentiments, Alex lâcha délicatement Luna et rejoignit Damon. Personne ne fit de commentaires et chacun continua sa route. Les garçons rejoignirent le foyer pendant que les filles se cachaient dans un coin en attendant la distraction sonore. Cette dernière ne se fit pas attendre, et quelques secondes plus tard, le gardien surgissait du bureau de contrôle, affolé. Les jumelles en profitèrent pour se faufiler à l’intérieur de la salle.

 

Pendant que Luna s’occupait des derniers réglages pour les caméras, en surveillant sur une d’entre elle le retour du gardien, Aria posa la question qui la taraudait tant.

 

- Alors ?
- Quoi alors ? Lui répondit sa sœur sur la défensive et encore chamboulée des précédents événements.
- On ne va vraiment pas parler de ce qu’il vient de se passer ? 
- Pas pour le moment. On a plus important à faire. Aaaah, le gardien revient ! Vite, partons ! S’empressa-t-elle de dire. 

 

Les jumelles quittèrent aussitôt la salle et se dirigèrent vers la sortie du bâtiment, puis, cela fait, elles continuèrent leur marche jusqu’à l’issue de secours repérée pendant l’élaboration de leur plan. Haletante, Luna chercha dans ses poches le pass de la directrice. Elle le sortit précautionneusement et le passa devant l’appareil adéquat. 

Ce dernier bipa. Une petite lumière apparue au dessus d’elles. Et la porte émit ce même petit cliquetis lors de l’ouverture des bâtiments administratifs. Aria passa devant, et poussa la porte. Luna lui emboîta le pas et la referma derrière elle.

 

Mission accomplie. Elles étaient dehors.  


 


 

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